Recommandons-nous le realisme ?

Après avoir vu Dragon Ball Z, nous avons voulu faire une fusion, mais Dame Nature ne pouvait pas tolérer l’association de deux êtres aussi virils que nous. Nous nous sommes rendus alors à l’évidence… Dragon Ball Z n’est pas réaliste, nous avons donc décidé d’arrêter la série…

Ça vous parait débile ? Eh bien, pour nous aussi ! Et pourtant, il n’est pas rare de tomber sur des critiques concernant le réalisme de tel ou tel anime, mais est-ce sincèrement pertinent ? La réponse évidente est : « des fois oui, des fois non ». Mais soyons réalistes, c’est plus souvent non. De ce fait, peut-on recommander le réalisme dans les animes ?

Qu’est-ce que l’on entend par le réalisme ?

La question peut paraître bête, ça serait comme définir le mot table, mais tout de même ! Le réalisme est ce qui se rapporte à la réalité. Et plus précisément, c’est ce qui se passe dans la vraie vie, ce qui est réalisable, ce qui prend en compte la vérité des choses. Nous sommes d’accord : dans Tokyo Revengers, Mikey qui se prend un coup de barre en métal dans la tête ne devrait pas rester debout. Dans la vraie vie, ça se solderait par un traumatisme crânien au mieux et au pire, par la mort. Ça ne se discute pas, mais Tokyo Revengers est une fiction et pas n’importe quelle fiction !

Tokyo Revengers (2021)

Toi, tu serais mort, mais pas lui !

L’importance du genre !

Selon le genre, l’aspect réaliste peut être plus ou moins développé. Si pour beaucoup, on adopte juste un cadre semblable à celui du réel (les cours au lycée, le monde du travail, etc.), d’autres cherchent à raconter un récit proche du vrai. Mais selon le genre, le réalisme n’est pas primordial comme dans la fantaisie ou la science-fiction. En revanche, même dans des récits qui paraissent plus terre à terre comme les romances, il y a toujours une part fantasmée. Malgré tout, le réalisme est toujours présent quoique l’on dise, mais n’est pas développé outre mesure selon le type d’histoire. Tout dépend de l’objectif du récit. Reprenons le cas de Tokyo Revengers qui est un furyo et de ce fait, il s’inscrit dans un cadre réaliste avec la délinquance japonaise. Cependant, c’est avant tout un shônen !

La réalité n’est pas impressionnante

Pas toujours en tout cas. Si on veut être émerveillé, il faut bien que ce soit impressionnant. Et pour cela, une mise en scène exagérée est toute indiquée pour insuffler de l’épique à son récit. Et ceci est une caractéristique typique du shônen et c’est pour ça qu’on l’aime. Mikey serait tombé inerte après son coup de barre, sa réputation d’homme fort serait morte avec lui. Il fallait au moins ça pour faire vivre sa légende et pour assurer la caractérisation de son personnage, même si ça défie la logique.

Prince of Tennis: Futari No Samurai (2005)

Ce coup de tennis a vachement plus de gueule comme ça quand même !

Se croire plus malin que l’anime…

Une étude scientifique très rigoureuse a démontré que les personnes qui employaient des mots en « isme » dans les débats n’étaient pas nécessairement des intellectuels ! La plupart savent lire le mot (ce qui n’est pas donné à tout le monde), mais ne savent pas toujours l’expliquer. De toute manière, n’est-ce pas une preuve manifeste d’incompréhension totale de l’œuvre que de s’insurger sur un soi-disant manque de réalisme ? Attribuer ce défaut à un anime qui ne cherche pas à l’être est aberrant. On passe à côté des enjeux et thématiques principaux et ça prouve que l’on a mal compris. Imposer un sens de lecture à une œuvre démontre un manque d’ouverture et un esprit obtus. Ne vous croyez pas plus malin que les animes, la plupart du temps, ce n’est pas le cas.

Ne pas confondre réalisme et cohérence

On pourrait croire qu’il s’agit de la même chose, mais ce ne sont pas des synonymes. Il est plus approprié de reprocher à un anime son manque de cohérence, puisque cela se rapporte à la logique interne d’un récit. Le réalisme est plus une question de ressenti et de point de vue.

L’animation, par essence, n’est pas réaliste

Tout comme un tableau cherche à représenter le réel sans l’être, l’animation fait de même. Toutefois, c’est une réaction naturelle que de demander un minimum de réalisme pour adhérer à un récit. Un personnage peut agacer par son manque de réalisme et de naturel. Mais il ne faut pas trop se focaliser là-dessus dans la mesure du possible. Et puis, ne pas oublier qu’il s’agit avant tout de dessin.

Reprocher à un anime de ne pas être réaliste alors que ce n’est pas son but est une démarche vaine. Le mot « réalisme » sonne bien, mais il faut arrêter de l’utiliser pour tout et n’importe quoi, car on peut induire en erreur les autres. Et les autres, ne vous laissez pas impressionner. N’oubliez pas que le plus important dans les débats, c’est d’argumenter et de se justifier, lâcher « ce n’est pas réaliste » n’est pas un argument suffisant. On en veut plus !

Pour ceux qui disent que Tokyo Revengers n’est pas réaliste parce que Mikey survit à un coup de barre dans la tête, est-ce que vous avez oublié que Takemichi voyage dans le temps ? On est vraiment à ça près ?

Durant ce développement, on n’a pas cité le terme de « suspension consenti d’incrédulité » jusque-là parce que nous sommes des sportives et pas des intellectuelles… d’abord !